Manuscrit refusé ?

Vous avez travaillé des mois, voire des années à la rédaction de votre manuscrit. Vous y avez mis tout votre cœur, vous l’avez lu, lu, et relu, et puis ça y est : vous avez enfin osé l’envoyer à des maisons d’édition en vue de le faire publier. Malheureusement, ça ne se passe pas comme prévu, et vous recevez un ou des refus. Comment encaisser le choc initial? Comment agir par la suite ?

Manuscrit refusé : une situation fréquente

On évalue qu’environ 95 à 97 % des projets soumis à des maisons d’édition sont rejetés par ces dernières. Il existe plusieurs raisons pour lesquelles un éditeur peut refuser un manuscrit :projet qui ne correspond pas à la ligne éditoriale, présentation du manuscrit peu soignée, qualité de la langue, intrigue pas assez captivante, sujet déjà traité…

N’oubliez pas que les éditeurs sont d’abord et avant tout des entreprises, et que comme toute entreprise, leur but est de faire du profit. Puisqu’ils reçoivent une quantité astronomique de manuscrits, ils doivent prendre des décisions éditoriales rapides, bien souvent sur la base du coup de cœur, et sélectionner des œuvres qu’ils croient pouvoir engendrer des revenus appréciables.

Recevoir le choc initial

Malgré les statistiques peu encourageantes, il est tout à fait normal de vous sentir blessé si vous recevez un refus de la part d’un éditeur. Après tout, vous avez mis beaucoup de temps, d’énergie et d’amour dans votre projet littéraire, et ce rejet, comme tous les rejets, est une blessure à l’ego. Des chercheurs américains ont fait le constat que le rejet déclenche les mêmes types de réponses que la douleur physique dans notre cerveau. C’est donc tout à fait normal de ressentir de la douleur et de la tristesse.

Ne soyez pas trop dur avec vous-même : donnez-vous le droit de vivre votre chagrin. Plusieurs recherches en psychologie mentionnent l’importance de prendre conscience de nos émotions négatives et de les vivre pleinement, sans les refouler, pour le bien-être de notre santé mentale. Accepter ses émotions sans honte permet de les vivre plus sainement, alors que la suppression et le déni peuvent devenir nuisibles sur le long terme en entraînant des réponses comme l’anxiété, le stress ainsi que des problèmes de dépendances diverses..

Relativiser les choses

Une fois le choc initial passé, prenez un moment pour relativiser les choses. Bien sûr, c’est difficile de vivre un rejet, mais félicitez-vous pour le travail accompli : tant de gens se lancent dans la rédaction d’un manuscrit sans jamais en venir à bout, en abandonnant en cours de route. Vous avez persévéré et menez à terme ce projet d’envergure, ce n’est pas rien, et ça mérite une bonne main d’applaudissement.

Ne laissez pas ce refus vous définir. Ce n’est pas parce qu’on rejette votre projet qu’on vous rejette vous, ça ne vous définit pas en tant qu’humain. Comme nous l’avons expliqué précédemment, plusieurs raisons qui n’ont rien à voir avec la qualité d’un manuscrit peuvent expliquer une réponse négative.

Voyez ce refus comme une occasion d’apprendre. Ce qui différencie les gens qui réussissent des autres est bien souvent leur capacité à voir les possibilités d’amélioration et de croissance personnelle dans les situations de rejet. Et si vous voyiez ce refus comme une opportunité de reconnaître vos lacunes, et de travailler à leur amélioration ?

On abandonne ? Non, on se retrousse les manches !

Les histoires d’œuvres à succès ayant été refusées à de multiples reprises par des éditeurs sont légion : Harry Potter de J.K. Rowling, Carrie de Stephen King, Dune de Franck Herbert… Ces auteurs croyaient en leur projet, et malgré les difficultés sur le chemin de la réussite, ils n’ont pas baissé les bras, heureusement pour nous !

À la suite de ce refus, quelles sont les options qui s’offrent maintenant à vous ? Laisser reposer votre manuscrit quelque temps afin de pouvoir le retravailler avec un regard nouveau; le faire lire par des bêta-lecteurs, demander une évaluation par un conseiller littéraire professionnel; opter pour l’autoédition; envoyer votre manuscrit à d’autres éditeurs dont la ligne éditoriale correspond davantage à votre œuvre, ou encore à des éditeurs plus petits (qui reçoivent moins de manuscrits)…

Passer au suivant

Il est possible qu’après un moment de réflexion, après avoir pesé le pour et le contre, vous en veniez à la conclusion que vous préférez vous consacrer à de nouveaux projets plutôt que vous acharner sur celui-ci. C’est une réaction valide qui ne devrait aucunement être perçue comme un échec. Savoir arrêter au bon moment, c’est une preuve de maturité qui vous permettra de conserver votre énergie pour d’autres projets qui eux, peut-être, aboutiront au résultat espéré.

Peu importe que vous choisissiez de poursuivre ce projet littéraire ou de l’abandonner, sachez que vous avez de quoi être fier de vous ! C’est dans les épreuves que l’on grandit et que l’on apprend, pour autant qu’on se donne la chance d’en intégrer les précieuses leçons.

Pascale Hubert