Comment provoquer l’anticipation ?

Le suspense de construction devra être aménagé par un suspense de décor et de style. Tous les détails doivent converger pour créer une atmosphère propice à la prémonition du lecteur. D’abord le décor : une rue sombre, des passants louches, un chat noir qui traverse, autant d’éléments qui vont annoncer le drame.

Décrivez au lieu de qualifier, évitez d’employer des termes comme sinistre, inquiétant, lugubre. Comme le poète, le romancier doit pratiquer en son art, la religion animiste : faire comme si la nature avait une âme, qui s’accorde mystérieusement à l’intrigue et aux personnages. De même, il sera bon qu’il sache utiliser les superstitions, horoscopes et autre présages. Ne serait-ce que pour les démentir à la fin.

Une seconde façon de provoquer de l’anticipation réside dans la construction des personnages. Si vous avez révélé que votre héros est coléreux et bagarreur, cela permettra au lecteur d’anticiper la scène de bagarre. Si le lecteur ne le sait pas, il y a suspense. Les anglais appellent cette technique« foreshadowing », littéralement projeter l’ombre en avant. Métaphore juste car ce n’est pas la chose qu’il faut projeter à l‘avance mais son ombre. La technique d’Hitchcock va plus loin encore, jusqu’ au dernier instant, il va tromper son public en faisant pressentir une chose et en provoquer une autre. Chez lui, le danger le plus dangereux vient toujours d’où on ne l’attend pas. Par exemple, il va tout faire pour nous montrer la menace du méchant, au dernier moment, le héros se fera arrêter, par méprise par la police.

D’après Louis Timbal-Duclaux, j’écris mon premier roman