Comment créer de l’émotion ?

Les émotions sont le moteur de la plupart des histoires. Ce qui différencie les lectures marquantes, celles qui restent avec nous longtemps après qu’on ait tourné la dernière page, de celles qu’on finit par oublier, ce sont les émotions que l’on a ressenties. On parle ici de la capacité de l’auteur à créer de l’émotion chez son lecteur, le genre d’émotion qui perdure, qui fait pleurer ou rire, qui nous fait nous languir d’une histoire. C’est cette habileté à faire vivre une multitude de sentiments forts au lecteur qui permet à certains romans de s’élever au titre d’inoubliable. Mais comment réussir ce tour de force lorsqu’on rédige notre histoire ? 

Créer de l’émotion: pourquoi c’est important

Il existe certaines bases à l’écriture d’un roman. Certes, celui-ci a une structure, un fil conducteur, une suite de scènes et d’idées. Par contre, l’émotion est à ne pas négliger, puisque c’est le véhicule du texte. C’est ce qui transporte le lecteur de chapitre en chapitre, qui fait qu’il a envie de suivre le parcours des protagonistes de la première page à la dernière. Un roman riche en émotion, c’est donc ce qui assure que le lecteur s’attachera aux personnages et voudra suivre leurs parcours, les hauts et les bas de leur histoire, tout au long du roman.

4 stratégies pour créer de l’émotion

1. Bâtir des personnages authentiques

Lorsqu’on s’attarde aux histoires qui nous marquent, qui nous chavirent, qui nous font rêver même, le même commentaire revient souvent : nous avons l’impression de lire sur nos amis, nos parents, ou encore sur des situations dans lesquelles on se reconnaît. C’est parce que l’émotion passe entre autres parle vécu. L’authenticité des personnages, et par cela on veut dire la capacité qu'aura le lecteur à se retrouver en eux, à s’y attacher et à s’y identifier, est une des clés principales pour créer des émotions qui sont vivantes et véridiques. Créer un personnage authentique signifie lui inculquer des qualités, mais aussi des défauts. C’est dans les failles des personnages que naissent parfois les émotions les plus renversantes, autant pour la personne qui écrit que pour ceux qui se laissent transporter par le récit.

2. Ne pas négliger les détails

Une scène convenable se différencie d’une autre qui arrivera à faire naître des larmes par ses détails. Ce sont dans les petits ajouts : la couleur d’un pull, l’odeur d’une sauce à spaghetti, la façon spéciale dont la personne mord la peau de son pouce. Ce sont ces informations déposées, ça et là, qui font qu’on arrive à créer un portrait global des personnages et, par conséquent, à s’y attacher et à vivre des émotions à travers eux. Il est important de décrire ces détails, de prendre le temps de tamiser les scènes, de bien les bâtir pour s’assurer qu’elles prennent vie. Pour que le lecteur ait l’impression de vivre la scène, il faut qu’il puisse se l’imaginer dans son entièreté.

3. Puiser dans son passé

Vous êtes peut-être familier avec la fameuse expression : « on doit écrire ce qu’on connaît ». Bien que ce ne soit pas toujours nécessaire – plusieurs romans sont issus de mondes imaginaires, par exemple – c’est souvent l’idéal afin de créer des histoires plausibles et intenses qui chavireront le lecteur. Le romancier doit en premier lieu faire un travail d’introspection. Quoique toutes les situations que l’on écrit ne sont pas des situations vécues, souvent, les émotions, elles, le sont. La peine, la rage, la détresse, ce sont tous des sentiments qui semblent plus véridiques dans une histoire quand l’auteur les raconte comme s’il les vivait à nouveau, en puisant l’inspiration à même son vécu.

Bien sûr, il faut faire attention de ne pas nécessairement copier sa vie :en effet, l’écriture fortement inspirée de soi comporte certains pièges à éviter. Reste que de puiser dans la richesse des émotions vécues est un exercice nécessaire pour créer des émotions variées chez nos personnages.

4. S’émouvoir

Nous sommes notre premier lecteur. Si des passages de nos histoires arrivent à nous émouvoir, à nous chambouler, à nous forcer à arrêter d’écrire un instant pour laisser la vague d’émotions passer, ce sont des indicatifs assez puissants que l’émotion souhaitée se rendra jusqu’au lecteur. L’intensité ne doit pas effrayer l’auteur, au contraire : plus l’émotion est à vif, plus elle pourra faire le chemin du cœur de l’écrivain à celui du lecteur.

Au bout du compte, l’émotion est au centre du livre, au même titre qu’au centre de tout art. On lit souvent pour s’émouvoir, pour rire, pour pleurer, pour revivre certaines blessures et les comprendre différemment. Un auteur qui prend le temps de bien camper l’émotion dans son œuvre s’assurera une fidélité et un engagement important de la part de son lecteur.

Marie-Christine Chartier