Cheminement d’un manuscrit chez un éditeur à compte d’éditeur : le filtre du comité de lecture

Réception

Le courrier entrant est dépouillé par une secrétaire ou une assistante. Lorsqu’il s’agit d’un manuscrit, celui-ci est tout de suite enregistré, pour que votre interlocuteur, chez l’éditeur, puisse vous répondre si vous l’interrogez sur les délais. La personne qui ouvre le courrier vérifie que vos coordonnées figurent bien sur l’envoi.

Durée : 1 semaine maximum après l’envoi

Dispatching

Le manuscrit est placé dans une file d’attente (plus prosaïquement : une pile. Par terre. à côté des 1292 autres piles).

Parfois, il est sommairement dirigé vers un service ou une collection spécifique, d’après les indications que vous avez données dans votre envoi.

Durée : 1 semaine

Première lecture

Votre texte passe en lecture chez l’éditeur ou un directeur de collection. Cette première approche lui permet de décider si le texte l’intéresse ou non.

Durée : 2–3 semaines

« Est-on lu par les éditeurs ? » demandent souvent les jeunes auteurs. Il est vrai que le cliché est tenace : à en croire la sagesse populaire, les gens qui font métier de publier des ouvrages ne se donneraient pas la peine de les lire. C’est faux, croyez-moi : il y a toujours, dans la chaîne du livre à compte d’éditeur, quelqu’un qui vous lira.

Votre manuscrit arrive en comité de lecture, et roule ma poule !

Cela dit, le terme de « lire » n’a pas forcément le même sens pour eux et pour vous. La « lecture rapide » (que l’on appelle péjorativement « lecture en diagonale ») est un moyen de prendre connaissance d’un texte sans y passer des heures. Pourquoi aller vite ?

• Le volume des manuscrits en attente est souvent monstrueux. Si l’éditeur veut rester à jour (et ainsi vous répondre dans un délai raisonnable), il est obligé d’adapter sa méthode de travail. Voilà pourquoi je vous conseille une fois encore de bien sélectionner vos éditeurs prospectés : n’inondez pas toute la profession de boulot inutile.

• Le lecteur lit vite, lui aussi. Ainsi que le journaliste, le libraire… Si un texte ne se « défend » pas devant l’éditeur, il aura peu de chances face à l’œil acéré des autres membres de la chaîne du livre.

• Contrairement à ce qu’on pense en général, un bon et un mauvais texte se distinguent très vite à la lecture. Croyez-en mon expérience : s’entêter à lire quelque chose de mauvais, pour espérer être surpris, est une perte de temps.

Et pour le compte d’auteur ? L’éditeur à compte d’auteur ne lira pas forcément votre manuscrit (notamment dans le cas de sites d’impression à la demande). Ce n’est pas de l’escroquerie : ce type d’éditeur étant un simple prestataire de services, il n’a aucun intérêt particulier à votre texte. En revanche, s’il se met à vous complimenter, méfiez-vous : il vous flatte pour vous vendre la prestation hors de prix.

Comité de lecture

Votre texte est soumis successivement à quelques lecteurs ; ce sont soit des salariés de l’entreprise, soit des professionnels extérieurs, soit des écrivains « piliers » de la maison, qui font l’honneur de leurs avis à l’éditeur.

L’objectif du passage en comité de lecture ? Valider que votre projet correspond bien à la ligne éditoriale.

Durée : 3–4 semaines

Complément de lecture

Parfois, l’éditeur peut avoir besoin d’avis plus spécialisés (ex. : « ce texte jeunesse n’est-il pas trop cru ? ») Il cherche alors dans son carnet d’adresses un spécialiste (pour rester dans le même exemple : enseignant, psychologue) afin d’obtenir une opinion plus fiable que la sienne.

Durée : 3–4 semaines

Décision

Le manuscrit est refusé ? Il est placé dans la « case retour » avec des indications de réponse. La secrétaire se chargera de rédiger le courrier de refus, puis de renvoyer le texte s’il est réclamé.

Durée : 1 semaine

Et si votre texte est retenu, la grande aventure commence… Mais c’est une autre histoire.

Un service bien rôdé

Comme vous le voyez, le système est assez bien pensé et prévoit tous les cas de figure.

Pour conclure, j’aimerais tout de même préciser une chose qui va peut-être vous choquer : le temps que l’éditeur accorde à votre manuscrit n’est pas un droit qu’il vous doit, c’est un devoir qu’il s’impose. Il doit à ses lecteurs, à sa société, de chercher des textes nouveaux. Mais il peut rejeter un texte en particulier, sans avoir besoin de se justifier.

Gardez à l’esprit que vous venez à lui en solliciteur.

S’il vous ignore, si vous avez l’impression qu’il a fait le service minimum, tant pis… pour lui !

Source : https://ecriture-livres.fr